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Pour le libre accès aux publications scientifiques

Le rôle des publications scientifiques est de diffuser et d'archiver des connaissances fiables, et ainsi de faire progresser le savoir accumulé au bénéfice de toute la société.

Lorsqu'un manuscrit est proposé par un chercheur à une revue, ses éditeurs scientifiques choisissent plusieurs rapporteurs pour examiner le texte. Ceux-ci peuvent rejeter le manuscrit, demander des corrections ou finalement l'accepter pour publication. C'est le minutieux travail d'expertise indépendante par les pairs qui garantit le sérieux des revues les plus prestigieuses et apporte du crédit à leurs auteurs.

L'essentiel de ce processus n'a pas tellement changé depuis l'apparition des premières revues scientifiques au 17e siècle. En revanche les technologies développées depuis une vingtaine d'années ont profondément bouleversé la pratique.

Désormais, les auteurs préparent leurs manuscrits sous forme de fichiers directement utilisables par les maisons d'édition, réduisant le travail de ces dernières à de minimes ajustements typographiques. Et depuis l'abandon des versions "papier", des plateformes virtuelles ont remplacé les coûteuses imprimeries.

Ainsi, ces révolutions technologiques ont considérablement abaissé les coûts de production, tout en facilitant et accélérant la diffusion.

Par ailleurs l'essentiel du travail éditorial n'est pas rémunéré par les éditeurs : ni les auteurs, ni les rapporteurs, ni les éditeurs scientifiques ne sont rémunérés autrement que par leurs employeurs habituels, universitaires dans la grande majorité.

Certaines revues (et non des moindres) ont tiré pleinement avantage de cette évolution en donnant libre accès à leurs publications, éventuellement après une "période d'embargo" de quelques mois. C'est souvent le cas de revues pilotées par des sociétés savantes, sans but lucratif. Ce modèle joue pleinement son rôle de catalyseur du savoir, sans concession sur la qualité du processus de vérification avant publication.

D'un autre côté, beaucoup de revues ne sont toujours que disponibles sur abonnement. Ce modèle continue de fonctionner, malgré des tarifs qui s'envolent, parce qu'il est basé sur la concentration et la dépendance : certaines revues prestigieuses dont les chercheurs ont besoin pour faire connaître et reconnaître leurs travaux ont été habilement rachetées par les 4 "majors" qui détiennent plus de 50% du marché mondial de l'édition scientifique ; et à l'époque du "tout électronique", l'abonnement est devenu nécessaire même pour consulter les archives qui ne sont plus disponibles dans les rayons de nos bibliothèques...

Ainsi, des connaissances élaborées grâce à des financements essentiellement publics, mises en forme et vérifiées par des scientifiques non rémunérés par les éditeurs, sont accaparées par de grandes multinationales qui, en plus, assèchent les budgets des bibliothèques universitaires.

Au 21e siècle, le libre accès est devenu possible tout en maintenant les mêmes exigences de qualité qui ont fait leurs preuves depuis le 17e.

Pour que la société toute entière puisse bénéficier des connaissances qu'elle a produites et financées, il faut que les publications scientifiques soient en libre accès.

février 2016

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